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Comme dans une querelle de coépouses, cinq églises ont apporté la réplique à l’Eglise catholique, qui a organisé le jeudi 25 avril 2024 à Cotonou, un colloque international sur le code électoral adopté et promulgué dans la perspective des élections de 2026 au Bénin.
« Les modifications du Code électoral au Bénin de 1990 à aujourd’hui : le Code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation ». C’est sur ce thème que se sont tenus les débats de cette rencontre organisée par l’Eglise catholique à travers l’Aumônerie nationale des cadres et personnalités politiques ainsi que l’Observatoire chrétien catholique de la gouvernance. Politologues, Experts en gouvernance politique, Juristes de haut niveau, acteurs politiques, prélats venus de divers horizons ont passé à la loupe les dispositions de ce texte de loi devant régir les élections législatives, communales et la présidentielle de 2026 au Bénin. Il ressort des réflexions menées, que le Code électoral modifié et adopté mi-mars par le Parlement puis promulgué par le chef de l’Etat Patrice Talon, est perfectible et il faut la retoucher pour des élections apaisées. « Aucune raison ne peut laisser personne indifférent à la situation qui prévaut actuellement. A voir ce qui se passe ailleurs, il serait inutile de jouer à la politique de l’autruche, d’envisager la démission ou de se résoudre à la victimisation en faisant semblant de ne point voir les maux qui nous minent », a déclaré Monseigneur Roger Houngbédji, Archevêque de Cotonou. « Nous avons été éclairés, mais les inquiétudes, monsieur le président, demeurent. Et le souhait de l’assemblée, c’est que vous fassiez quelque chose de magnanime et de formidable pour que ce Code électoral ne suscite pas des bagarres dans notre pays, parce que nous sommes en train de soupçonner cela. C’est pourquoi, respectueusement nous avons organisé ce colloque. L’assemblée reste sur sa faim. Elle n’est pas encore satisfaite », a indiqué l’Archevêque émérite de Cotonou, Monseigneur Antoine Ganyè, lançant un message au président de la République. Et au politologue et Directeur de l’International Foundation for electoral systems (Ifes), Dr. Mathias Hounkpè, d’émettre aussi ses inquiétudes : « Je ne comprends pas pourquoi on va vers ce degré d’incertitude. Si on organise aujourd’hui les élections, il y a trois éventualités possibles. J’en ai trouvé trois ou quatre. Mais aucune ne me rassure. Une fois encore, je me demande pourquoi on est en train de faire ça ».
Même Christ, mais des points de vue contradictoires
Quelques jours après la tenue du colloque, d’autres églises adorant le même Christ sont montées au créneau pour, conjointement, faire savoir leur opinion sur la question du même Code électoral qui divise également majorité présidentielle et opposition au Bénin. Dans une déclaration lue par leur porte-parole, le Professeur Jean-Claude Hounmènou de l’Eglise protestante méthodiste, qui était entouré des représentants de quatre autres Eglises indique d’entrée : « Après un processus législatif conduit selon les principes de la démocratie, à l’Assemblée nationale dont les membres représentent tous les citoyens et toutes les citoyennes du Bénin aujourd’hui, nous Eglises : l’Eglise protestante méthodiste du Bénin, l’Eglise méthodiste africaine, l’Eglise orthodoxe d’Antioche, l’Eglise de l’ordre sacré et éternel des chérubins et séraphins, l’Eglise de la première mission africaine Bodawa, nous sommes très attachées au respect de la légalité républicaine et des principes de la démocratie ». Il poursuit en ces termes : « C’est en faisant preuve de grand sens de responsabilité, de justice, d’équité, de sagesse, d’élévation de conscience, de discernement et de réalisme ainsi que de hauteur d’esprit dans la mise en œuvre du Code électoral du 15 mars 2024 que les dirigeants et autres acteurs des organes chargés de l’organisation et de la gestion des élections à venir vont contribuer de façon déterminante à l’émergence, en 2026, d’un duo présidentiel et d’un Parlement pluriel et représentatif de la diversité des blocs et courants politiques de notre pays. La souveraineté nationale appartient au peuple. Aucune fraction du peuple, aucune communauté, aucun parti, aucune association politique, aucune organisation syndicale ni aucun individu ne peut s’en attribuer seule l’exercice ».
Dans l’élément diffusé mardi 30 mai 2024, dans le journal de 20 heures sur la télévision du service public, Ortb, l’universitaire psychopédagogue va conclure : « Par conséquent, l’Eglise protestante méthodiste du Bénin, l’Eglise de l’ordre sacré et éternel des chérubins et séraphins, l’Eglise orthodoxe d’Antioche au Bénin, l’Eglise méthodiste africaine, l’Eglise de la première mission africaine Bodawa prient le Dieu de Jésus-Christ de mettre en ces dirigeants et acteurs chargés de mettre en œuvre la loi N°2024-13 du 15 mars 2024 portant Code électoral au Bénin cette conscience élevée, solaire qui va vivifier la loi pour que le Bénin qui va émerger des élections de 2026 soit une nation républicaine, forte, démocrate, pluraliste, unie dans la diversité, fraternelle, paisible et harmonieuse ».
Il apparaît donc clairement que les cinq Eglises ne critiquent pas le Code. Elles ont préféré s’en remettre au « Dieu de Jésus-Christ » dans l’espoir d’une thaumaturgie qui pourrait réveiller en chacun des dirigeants en 2026, le génie béninois. Une posture qui visiblement se démarque de celle de l’Eglise catholique, qui elle, semble être dans l’anticipation et la prévention.