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Dans un dossier de la Rédaction de Guérite Tv Monde sur le « Non-respect des accords ou engagements par des présidents élus vis-à-vis de leurs alliés politiques : ruse ou réalités du pouvoir ? », Bertin Koovi fait partie des personnes ressources ayant opiné sur le sujet. Faisant allusion à la présidentielle de 2016 au Bénin, le président de l’ancienne Alliance Iroko, membre du parti Bloc Républicain a levé un coin de voile sur les coulisses du soutien de l’homme d’affaires, candidat malheureux au premier tour, Sébastien Ajavon à Patrice Talon, lui aussi homme d’affaires, candidat finalement élu président, et pourquoi les clauses de la Coalition de la Rupture scellée n’ont plus été respectées.
« Autre chose, ne soutenez jamais votre alter ego. Je vais être factuel. Ajavon a été le c*n en soutenant Patrice Talon.», regrette Bertin Koovi. Parlant de l’ancien magnat de la volaille, ancien président du patronat au Bénin et troisième à la présidentielle de 2016, il poursuit : « Je lui avais dit : Ajavon, si tu soutiens Patrice Talon, il n’aura pas le choix que de te briser les os pour exister. Si c’est toi qui es président, tu n’auras pas le choix que de briser les os à Patrice Talon pour exister. Quand vous êtes pratiquement des gémeaux, l’un positif et l’autre négatif, si tu soutiens [Lionel] Zinsou, Zinsou aura besoin de toi. Mais Talon aura besoin de quoi chez toi ? L’argent, il en a ; il parle les langues nationales, il connaît le pays. Donc il n’aura pas le choix que de te combattre, et toi tu vas commencer par croire que tu es son alter ego et vous aurez des problèmes. Ça, c’est avant le premier tour ». Bertin Koovi, lui aussi candidat malheureux à cette élection, ajoute : « J’essayais de le convaincre à soutenir Zinsou. Il me dit non, Talon est son frère, qu’ils ont un accord et le peuple veut Talon. J’ai dit OK. Eh bien, il en a appris à ses dépens ». Bertin Koovi de conclure : « Ce n’est pas la faute à Talon. Si Ajavon avait été élu, il n’aurait pas eu le choix que de combattre Talon. Et maintenant que c’est Talon qui est élu, la règle s’est appliquée. Les gens vont à la politique sans réfléchir. Ce n’est pas tout le monde qu’on soutient, parce qu’il y en a qui n’ont pas d’autres choix que d’être ton ennemi. Il est né pour être ton ennemi, tu dois calculer tout ça dans tes choix ».
«…de tels accords doivent être signés devant des divinités »
À propos du pourquoi les engagements pris ou les accords scellés ne sont pas souvent respectés, le candidat de l’Alliance Iroko à l’élection présidentielle de 2016 pose le diagnostic suivant : lire le verbatim de son intervention.
« Les chats ne font pas des chiens. Les fruits ont bien tenu la promesse des fleurs, parce que quand vous prenez l’esprit et le contexte des accords de collaboration ou de coopération politique signé entre le candidat Patrice Talon et 28 autres candidats, que les autres soient déçus à un moment donné, était prévisible. Il ne vous a pas échappé quand même qu’après avoir signé l’accord, le lendemain, je l’ai dénoncé et je l’ai quitté tout simplement parce que les termes n’étaient pas assez clairs, n’étaient pas assez engageants. Alors, quel est le problème ? Très souvent quand les gens sont certains qu’il y a un parmi eux qui sera président, ils leur accordent toutes les faveurs contre des promesses démagogiques. C’est un accord de trompe-l’œil. 2016 n’a pas échappé à cela. Premier problème, les accords ne sont pas sérieux. 2016, le candidat Talon a accepté tout ce qu’on pouvait lui demander, surtout que ce n’est pas lui-même qui a rédigé le texte. Ce sont ses ouailles qui ont fait le texte et les autres ont signé un accord d’allégeance. J’ai reproché à l’accord et je l’ai quitté. C’était un accord d’allégeance, pas un accord de coopération.
Aussi, quand vous signez un accord avec un candidat qui est devenu président, qu’est-ce qui oblige le président à accepter ce que le candidat qui était désespéré et voulait à tout prix qu’on le soutienne ? Rien ! Si ce n’est que la morale. C’est pour ça que j’ai toujours dit de tels accords doivent être signés devant des divinités. Si c’est devant Allah, les nôtres vont dire oh, Allah ne tue personne ; il est miséricordieux et très miséricordieux. Si c’est devant Jésus -Christ, ils ne vont pas respecter. Il faut les emmener devant Tolègba ou le fétiche de leur village et ils vont respecter parce que c’est en ça qu’ils croient sans s’en rendre compte.
Aussi, l’autre problème est celui-ci : dès que l’autre est devenu président même si c’est votre propre enfant, vous devez le traiter comme président. Il y en a qui parce qu’ils ont aidé quelqu’un à être élu, ils diront je suis le vice-président, sans moi il n’aurait pas pu être élu. Peut-être que c’est vrai. Mais il se trouve qu’il est déjà élu. Donc il faut le traiter avec respect, avec considération. Et c’est ça qui manquent aux gens. Ton propre fils qui devient roi, il faut lui donner de la considération.
Autre chose, l’autre est élu. Celui qui l’a aidé à devenir président croit qu’il doit partager le pouvoir avec lui. C’est là où les problèmes aussi commencent. »
ADN