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Au Bénin, depuis le 24 septembre 2024, au petit matin, c’est le dossier tentative présumée de coup d’Etat qui défraie la chronique. Au cœur de cette fumante actualité, les plus cités, même sur des chaînes étrangères, sont deux ténors du pouvoir de Cotonou. Ils ont noms Olivier Boko, homme d’affaires et Oswald Homéky, ministre démissionnaire ; tous amis très proches du chef de l’Etat, Patrice Talon dont le fauteuil serait menacé. Du moins, si l’on s’en tient au point de presse du Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Mario Mètonou. Ce qui est tout de même une évidence, celui que d’aucuns considèrent comme l’ombre du président béninois et dont le nom a plus résonné dans les tympans ces douze derniers mois, dans tout le pays, est mis sous mandat de dépôt ainsi que le jeune ministre qui a sauté de la barque gouvernementale pour rejoindre celui que certains voient comme potentiel présidentiable dans la perspective de l’élection présidentielle de 2026.
Dans cette affaire dite de coup de force déjoué, le moins qu’on puisse dire est que de l’interpellation des mis en cause (Olivier Boko et Oswald Homéky) jusqu’à leur défèrement après présentation au Procureur spécial puis au Juge des libertés et de la detention, en passant par la garde à vue prorogée, tout s’est passé comme du couteau dans du beurre. En effet, sur plusieurs jours, aucune prise de position, aucune réaction de soutien au profit d’Olivier Boko tant l’homme était très influent dans le système, mais également généreux, selon des témoignages dans l’opinion. À l’instar du tollé général qu’avait suscité, en 2012, la convocation au commissariat central de Cotonou, de Patrice Talon alors opérateur économique tombé en disgrâce avec le pouvoir de Yayi Boni qu’il avait pourtant soutenu, des nostalgiques s’attendaient à vivre à nouveau une scène similaire dans la présente nébuleuse.
C’est plutôt du côté du chef de l’Etat, vu comme la victime du supposé putsch foiré, que penche la balance des soutiens et condamnations avant même le jugement ou le traitement ultérieur dans le fond. Le dossier étant en instruction. Dans le rang de ceux qui se faisaient passer pour des pro OB ou OB- issants (OB, sobriquet populaire de Olivier Boko), c’est-à-dire les acteurs politiques ou non que Olivier Boko a contribué à faire nommer ou élire à divers postes, de même que les responsables de la ribambelle de mouvements créés en son nom pour susciter sa candidature aux joutes électorales prévues dans moins de deux ans, tous se sont terrés tels des crabes ; de peur, probablement, que le pouvoir qu’ils ont eux-mêmes érigé, arrosé et entretenu, depuis un peu plus de huit (08) ans, ne leur lime les doigts.
Ces jeunes acteurs, tels des surnageants !
Où sont passés les pro Olivier Boko, ceux et celles qui, surtout au sein de la Mouvance, ont bénéficié de la générosité de cet homme ? C’est en substance, en ces termes que s’écria Valentin Djènontin, l’ancien ministre du gouvernement Yayi, depuis son exil français dès les premières heures de l’éclatement de l’affaire. Suite à cette interpellation doublée d’une leçon de vie quant à la moralité de l’acteur politique béninois, d’autres citoyens, journalistes, analystes, chroniqueurs ou éditorialistes ont embouché la trompette.
Dans cette sorte de désert calme, on peut noter néanmoins des oasis de voix. Certes, elles ne sont pas nombreuses. À ce jour, on peut les identifier et les compter au bout des doigts sur l’échiquier politique national. En tout cas, pour les plus en vue. Ainsi, comme pour répondre à l’adage Fon, une langue locale du Bénin, qui dit : « min dé wè gni min miton, agba’ngba oko lolo… » (Que ceux qui se disent être avec nous, nos alliés, nos soutiens se manifestent ou s’affichent publiquement), ils l’ont fait, se démarquant du lot. C’est le constat fait par Africa Dev News. Tels des surnageants lors d’une émulsion, solution chimique hétérogène constituée d’un liquide dans un autre liquide avec la dispersion de particules très fines, les voilà qui se maintiennent à la surface du liquide. Constantin Amoussou, Christhelle Houndonougbo, Hosée Houngnibo, Smith Hermann Ahouandjinou et Jean-Eudes Mitokpè n’ont pas battu le macadam ou donné de la voix à une conférence de presse, mais ils ont eu, on peut le dire, le toupet de montrer clairement au monde entier, chacun à sa manière, leur proximité et amitié d’avec OB et/ou Homéky.
Smith Hermann Ahouandjinou
Promu en septembre 2016 Directeur de la jeunesse, des loisirs et de la vie associative au Ministère des sports au Bénin, il démissionne en mai 2024, quelques mois après le départ du gouvernement de celui qu’on peut considérer comme son mentor : Oswald Homéky, ce dernier étant parti en octobre 2023. Ancien président du Bureau exécutif de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (Fneb) et superviseur des campagnes de Patrice Talon il y a huit ans, Smith Ahouandjinou prend position dans l’affaire dite atteinte à la sûreté de l’État. Sur sa page Facebook où il a posté un message de soutien à ces deux figures de la majorité au pouvoir, accompagné de leurs images, il a d’abord fait la genèse de sa rencontre avec l’ancien ministre des sports, les risques qu’ils ont pris pour l’avènement du pouvoir de la Rupture, puis l’a invité à tenir bon. «Chers Oswald Homéky et Olivier Boko, dans cette épreuve, je ne vous renierai point», a conclu ce jeune, membre du parti Union Progressiste Le Renouveau (comme son ami ministre). Selon des indiscrétions, Smith Ahouandjinou est actuellement très loin des frontières béninoises.
Constantin Amoussou
«Olivier Boko… Dans l’attente du jour qui vient», c’est l’opinion qu’affiche Constantin Amoussou sur sa page Facebook, relayée sur WhatsApp avec à l’appui l’image d’Olivier Boko, le 1er octobre, veille du 60ème anniversaire de l’homme d’affaires. Dans ce texte dans lequel il n’a pas manqué de faire un clin d’œil au ministre Homéky, il laisse lire : «À chacun et tous, je lance l’appel que dès qu’il sonnera 00 heure, nous mettions tous, les profils de nos réseaux sociaux aux couleurs et à l’image de notre ami Olivier Boko pour lui souhaiter JOYEUX ANNIVERSAIRE dans L’ATTENTE DU JOUR QUI VIENT; et lui marquer notre fidèle témoignage d’amitié et de proximité en ces moments d’épreuve».
Christhelle Houndonougbo Alioza
Directrice de l’administration du parti UP Le Renouveau, Christhelle Houndonougbo est pour Olivier Boko, une sœur du village : Soclogbo dans le département des Collines. Elle a profité du jour anniversaire de OB, le 2 octobre alors qu’il a été mis sous mandat de dépôt la veille, pour lui adresser publiquement un mot. «Un frère reste un frère en toutes circonstances. Encore plus en période de grandes épreuves. Où que tu sois fofo, je te dis joyeux anniversaire ! Tu aurais reçu en d’autres circonstances, autre message de moi», a placardé Christhelle Houndonougbo épouse Alioza son mur Facebook avec la photo de Olivier Boko.
Jean-Eudes Mitokpè
Journaliste, ancien employé de la chaîne de télévision privée Canal 3 Bénin, Jean-Eudes Mitokpè, promoteur de l’organe de presse Le Pharaon et de la web TV Bi News était connu pour sa ligne éditoriale tranchée, pro Rupture. Mais depuis que Olivier Boko pour qui il roule à travers son mouvement OB 26, a été arrêté, il est aisé de remarquer des articles à charge contre la gouvernance de Patrice Talon. Le président de OB26 a visiblement choisi son camp.
Hoseé Houngnibo
Dans plusieurs forums de discussion WhatsApp et sur ses plateformes digitales où il est actif, ses messages qu’il multiplie en faveur de Olivier Boko sont l’objet de railleries. Mais apparemment, Hosée Houngnibo est loin d’abandonner. Précurseur, début juin 2023, de la suscitation de la candidature de OB avec son Réseau Olivier Boko dont il en est le coordinateur national, le jeune et teigneux Hosée dit même être prêt à aller séjourner à la maison d’arrêt avec Olivier Boko. En s’adressant au président de la République, il affirme que le seul sur qui il peut compter dans la Mouvance pour la continuité de l’héritage qu’il aura laissé en 2026, c’est Olivier Boko son ami de longue date.
Dans un contexte d’épreuve mêlée de peur, où des acteurs politiques et des responsables de mouvements créés au nom de OB se dépêchent de quitter les groupes WhatsApp et changent de leurs différents profils la photo de leur supposé coup de cœur pour la prochaine Présidentielle au Bénin, ces jeunes acteurs, eux, ont fait l’option de sortir du bois et coller leurs noms à celui qui est aujourd’hui en disgrâce avec le pouvoir de Patrice Talon. C’est, à tout le moins, osé !